Fidèle à ses mauvaises habitudes, le gouvernement profite des congés estivaux pour annoncer l'exécution de sa dernière mesure coercitive : la mise en place des zones "contrôles radars fréquents" au sein desquelles les machine à sous cinémomètres tricolores seront désormais signalés un ou deux kilomètres avant leur position, au lieu de 400 mètres aujourd'hui...
L'Etat français renforce donc de nouveau ses positions répressives alors que dans le même temps, selon nos confrères du New York Times, l'Arizona vient de retirer les radars automatiques de ses autoroutes. Motifs : des plaintes incessantes d'associations d'automobilistes pour "atteinte à la vie privé", des nombreux PV impayés et une baisse de l'accidentologie discutable dans les zones radarisées.
Décidée en février lors du Comité interministériel de sécurité routière , cette nouvelle signalisation volontairement moins précise sera dorénavant placée entre un et deux kilomètres avant les sinistres boîtes grises, afin de mieux piéger les conducteurs qui ralentissaient avant l'obstacle avant de reprendre une activité normale.
"La mise en place de cette nouvelle signalisation a pour but d’éviter que les conducteurs ne respectant pas les limitations de vitesse ralentissent brutalement devant le panneau. Il s’agit, avant tout, d’inciter les automobilistes à adopter en toute situation une conduite responsable. Je rappelle une nouvelle fois que le seul rôle des radars est de sauver des vies sur la route", confirme - sans rire ni tousser - le ministre des transports Jean-Louis Borloo.
Cette nouvelle signalétique, qui précède vraisemblablement le retrait pur et simple des panneaux, vient d'être officialisée par l’arrêté du 22 juillet 2010 dans l'indifférence générale...
Les conducteurs dépourvus de systèmes GPS de localisation des radars devront donc se contenter de savoir qu'ils "pénètrent dans une zone de contrôles radars fréquents", souligne le gouvernement : "le nouveau panneau "Pour votre sécurité, contrôles radars fréquents" sera implanté à une distance variable de 1 à 2 kilomètres en amont du premier dispositif de contrôle"...
Comme pour les trains, un radar pourra donc désormais en cacher un autre... non signalé ! "Des contrôles des forces de l’ordre au moyen de radars mobiles pourront également être organisés" dans ces zones, précisent les autorités, des fois qu'une poignée de vaches à lait d'usagers de la route parviennent encore à passer entre les mailles du filet !
Officiellement mise en activités pour "lutter contre le comportement de certains usagers qui freinent brusquement avant le radar et ré-accélèrent juste après", ces zones "à risques" (pour le permis !) seront inaugurées à partir du 3 août, histoire de renflouer un peu les caisses au moment du grand chassé-croisé des vacanciers.
Les premières zones de ce type seront situées à Lamonzie-Saint-Martin (24) sur la RD 936 dans le sens Bergerac - Bordeaux le 3 août, à Sausheim (6 sur l’A36 dans les 2 sens le 4 août et à Rouffach (6 sur la RD 83 dans les 2 sens le 4 août.
Considéré comme l'une des "priorités du gouvernement" et comme la mesure de sécurité routière "qui s’est avérée la plus efficace" - faute d'autres propositions ! -, le contrôle automatisé ne semble donc pas connaître la crise : d'ici à 2012, l'Etat prévoit d'installer 800 nouveaux radars fixes qui viendront grossir un arsenal répressif actuellement constitué de 1 689 radars fixes, dont 39 à l’approche de passages à niveau et 234 dispositifs feux rouge, sans oublier les 933 radars mobiles de nos "chères" forces de "l'ordre"...
Rappelons enfin, même si naturellement les promesses n'engagent que ceux qui y croient, qu'en inaugurant les premiers radars automatiques à l'initiative d'un certain Nicolas Sarkozy alors ministre de l'intérieur, le gouvernement jurait que "l'objectif n'est pas de piéger l'automobiliste" et qu'un "panneau de signalisation reconnaissable sera installé en amont de chaque radar de façon à alerter l'automobiliste".